Les promoteurs de régimes à prestations déterminées (PD) vivent des émotions fortes depuis le début de 2020 : les taux obligataires à long terme ont plongé sous les creux historiques enregistrés en 2019 et les prévisions de croissance économique se détériorent en raison des craintes d’une pandémie.
L’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite, soit le ratio de solvabilité d’un régime de retraite hypothétique, est passé de 112 % à la fin de 2019 à 103 % à la fin février. Le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite des clients de Mercer était de 92 % au 29 février, en baisse par rapport au niveau de 98 % enregistré le 31 décembre.
À la fin du mois de février, les actions ont fait l’objet d’une liquidation dans la foulée des inquiétudes concernant le coronavirus. Les investisseurs se sont alors tournés vers les valeurs refuges, notamment les obligations gouvernementales, ce qui a entraîné les taux à long terme à la baisse. Ceux-ci ont reculé de 10 points de base supplémentaires en mars.
« La réaction des marchés au virus porte un double coup aux régimes PD : le repli des marchés boursiers érode l’actif, alors que la chute des taux obligataires entraîne une augmentation du passif », selon F. Hubert Tremblay, conseiller principal au sein du Groupe de stratégie financière de Mercer Canada.
Même si les promoteurs de régimes PD ne ressentiront peut-être pas sur le coup les effets de cette situation financière affaiblie, ils devraient revoir leurs stratégies de gestion des risques à court terme et à long terme. « L’incertitude entourant l’ampleur que prendra l’épidémie élargit l’éventail de scénarios possibles pour les régimes de retraite PD en 2020 et par la suite », souligne M. Tremblay.
« Les ratios de solvabilité ont rapidement diminué après avoir atteint un sommet en 2019. Il est donc temps de mettre en œuvre de meilleures stratégies de gestion des risques », ajoute M. Tremblay. Les promoteurs de régimes doivent envisager diverses approches, comme la mise en œuvre de stratégies de capitalisation, la diversification du portefeuille de croissance, la réduction du risque de taux d’intérêt et la recherche d’occasions de transfert de risque, s’il y a lieu. Les solides rendements générés par les actions en 2019 ont donné à de nombreux régimes PD canadiens une marge de manœuvre pour absorber le coup dans un tel scénario défavorable, mais toute protection restante est en train de s’affaiblir.
Un portefeuille équilibré type d’un régime de retraite aurait perdu 0,5 % dans les deux premiers mois de l’année. Alors que les craintes liées au coronavirus continuent de s’intensifier, les marchés des actions ont nettement reculé dans toutes les régions, tandis que les obligations canadiennes ont progressé.
L’indice composé S&P/TSX a perdu 4,3 %. Tous les secteurs ont affiché des rendements négatifs, à l’exception des technologies de l’information, des services aux collectivités et de l’immobilier.
Le marché canadien des titres à revenu fixe a été en hausse dans un contexte de faibles taux, les obligations à long terme (6,0 %) inscrivant un rendement supérieur à celui des obligations universelles (3,6 %). Les obligations à rendement réel ont également progressé (de 5,2 %).
À l’échelle mondiale, les actions internationales ont subi la perte la plus marquée, l’indice MSC EAEO ayant affiché un rendement de -9,2 % en monnaie locale (-7,8 % en dollars canadiens). Le marché des actions américaines a perdu 8,1 % en dollars américains (5,0 % en dollars canadiens). Les marchés émergents ont eux aussi reculé, à la fois en monnaie locale (-7,0 %) et en dollars canadiens (-6,5 %).
« À la fin du mois de février, on a observé une vente massive sur les marchés boursiers mondiaux en raison des inquiétudes croissantes liées au coronavirus. Plusieurs marchés boursiers ont entamé une correction », affirme Jean-Pierre Talon, membre du partenariat Mercer Canada. « Toutefois, bien que les marchés puissent continuer de reculer, il est quasi impossible pour les investisseurs de saisir le plus bas cours, et les récentes corrections du marché prouvent que les reprises peuvent s’avérer rapides. »
Le 3 mars, la Réserve fédérale américaine a réduit son taux d’intérêt cible d’un demi-point de pourcentage pour le faire passer de 1,75 % à 1,25 %, dans le but de lutter contre les répercussions économiques du coronavirus. Il s’agit de la première baisse de taux décidée en urgence, hors d’une réunion prévue, depuis la crise financière de 2008. Le 4 mars, la Banque du Canada a réagi par une baisse de taux similaire, faisant passer de 1,75 % à 1,25 % son taux cible du financement à un jour.
L’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite indique le ratio actif-passif d’un régime de retraite modèle. Le ratio a été établi de façon arbitraire à 100 % au début de la période. Le nouvel indice tient compte du coût au titre des services courants et des paiements spéciaux de solvabilité, mais pas des améliorations ayant pu être apportées au régime. Il suppose également que les évaluations sont déposées chaque année civile et que le déficit révélé dans chaque évaluation est financé sur une base mensuelle au cours des cinq années subséquentes.
Actif : portefeuille indiciel. Répartition de l’actif jusqu’au 31 décembre 2016 : indice obligataire universel de rendement total FTSE TMX, 42,5 %; indice composé S&P/TSX, 25 %; indice S&P 500 (en $ CA), 15 %; indice MSCI EAEO (en $ CA), 15 %; indice des bons du Trésor à 91 jours FTSE TMX, 2,5 %. Répartition de l’actif à compter du 1er janvier 2017 : indice obligataire à long terme de rendement total FTSE TMX, 42,5 %; indice composé S&P/TSX, 15 %; indice MSCI Monde (en $ CA), 40 %; indice des bons du Trésor à 91 jours FTSE TMX, 2,5 %.
Passif : 50 % de participants actifs, 50 % de retraités. Pour les participants actifs, on suppose que le règlement s’effectue à 60 % sous forme d’un montant forfaitaire représentant la valeur actualisée de la rente selon les normes de l’Institut canadien des actuaires (ICA) sur la valeur actualisée d’une rente, sans tenir compte du délai d’un mois, et à 40 % par la souscription d’une rente. Pour les retraités, on suppose qu’il s’effectue par la souscription d’une rente. L’estimation du coût des rentes s’appuie sur le matériel d’orientation de l’ICA sur les blocs de contrats types de durée moyenne. Les résultats varient selon le régime de retraite.
À propos de Mercer Canada
Mercer croit que l’on peut travailler à façonner un brillant avenir en transformant le monde du travail, en redéfinissant les perspectives de retraite et de placement et en optimisant la santé et le bien-être de tous. La Société compte plus de 25 000 employés répartis dans 44 pays et elle exerce ses activités dans plus de 130 pays. Mercer est une société de Marsh & McLennan (symbole MMC à la Bourse de New York), chef de file mondial en services professionnels dans les domaines du risque, de la stratégie et du capital humain, qui compte 76 000 employés et dégage un chiffre d’affaires annualisé de 17 milliards de dollars. Par l’entremise de ses sociétés-conseils de premier ordre, soit Marsh, Guy Carpenter et Oliver Wyman, Marsh & McLennan aide ses clients à naviguer dans un environnement de plus en plus dynamique et complexe. Pour de plus amples renseignements, consultez le site www.mercer.ca. Suivez Mercer sur Twitter @MercerCanada.