Propulsés par le marché des actions, les niveaux de capitalisation des régimes de retraite canadiens poursuivent leur remontée au T3, selon l’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite. Or, des risques importants se profilent, notamment une deuxième vague de la COVID-19 et la possibilité d’une élection contestée aux États-Unis.
L’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite, soit le ratio de solvabilité d’un régime de retraite à prestations déterminées (« PD ») hypothétique, est passé de 101 % à la fin de juin à 107 % à la fin de septembre, tout de même un recul par rapport aux 112 % du début de 2020. Le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite des clients de Mercer était de 93 % au 30 septembre, en hausse par rapport au ratio de 91 % enregistré le 30 juin, mais en baisse comparativement au chiffre de 98 % au début de l’année.
Au cours du troisième trimestre, les niveaux de capitalisation des régimes PD ont continué de récupérer une partie des pertes enregistrées au premier trimestre. Cette remontée a été portée par les actions, qui ont généré de solides rendements sur la plupart des marchés. Malgré une hausse au milieu du trimestre, les rendements obligataires ont chuté en septembre pour clore le trimestre sans grand changement par rapport à la fin de juin.
« La plupart des régimes à prestations déterminées ont fait preuve de résilience à l’égard des nombreux défis qu’ont offerts les neuf premiers mois de 2020 », a déclaré F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Avoirs de Mercer Canada. Les régimes demeurent bien capitalisés au regard des niveaux historiques, même en tenant compte du fait que les passifs actuariels sont évalués aux très faibles taux d’intérêt d’aujourd’hui.
Contrairement aux crises précédentes, les promoteurs de régimes de retraite ne sont pas devant une hausse imminente des cotisations aux régimes de retraite, grâce aux récents changements apportés aux règles de capitalisation. Néanmoins, les promoteurs dans les secteurs les plus touchés par la pandémie pourraient connaître des difficultés à satisfaire à leurs obligations courantes, notamment en ce qui a trait aux cotisations de retraite.
Certains territoires, notamment l’Ontario, ont offert des mesures d’allégement à ces promoteurs sous forme de reports temporaires des cotisations, à certaines conditions, dont des restrictions s’appliquant aux versements de dividendes et à la rémunération des hauts dirigeants. Les conditions associées à ces mesures d’allégement les rendent peu attrayantes, sauf pour les promoteurs de régimes les plus durement frappés par la pandémie.
Même si les régimes de retraite ont bien tenu le coup jusqu’à maintenant, plusieurs risques importants se profilent pour le quatrième trimestre, notamment le résultat de l’élection américaine et la possibilité de litiges prolongés et d’instabilité, l’incidence de la résurgence du virus sur l’activité économique et le moment de l’arrivée du vaccin et son efficacité. Tous ces facteurs pourraient générer beaucoup de volatilité au quatrième trimestre de 2020 et au-delà.
« Le degré d’incertitude que nous connaissons aujourd’hui est sans précédent, affirme M. Tremblay. Les promoteurs de régimes doivent évaluer l’impact de divers scénarios, et rajuster leur profil de risque en conséquence. »
Beaucoup de régimes fermés et gelés bien capitalisés demeurent exposés à d’importants risques. Ils doivent évaluer s’ils peuvent résister à un événement défavorable et, s’ils décident de prendre des risques, si le jeu en vaut la chandelle. Nombre de ces régimes devraient écarter les risques, en augmentant la pondération des actifs défensifs, en stimulant la souscription de rentes, en liquidant leurs régimes ou même en les fusionnant avec des régimes de retraite conjoints, si cette option est disponible pour eux.
Quant aux régimes avec un horizon à long terme, ils devront relever un défi difficile. Vu la maigreur extrême des rendements obligataires, ils gagneront plutôt de continuer à investir considérablement dans les actifs de croissance afin de rester abordables. Toutefois, une pondération marquée des actifs de croissance les rendra plus sensibles à la volatilité des marchés, surtout à court terme. Le défi sera donc de trouver un heureux équilibre entre les objectifs des employeurs et ceux des participants aux régimes. Des taux de cotisation réalistes, des caractéristiques de partage des risques, une forte diversification des catégories d’actifs et une sélection rigoureuse des gestionnaires de placement ne revêtiront désormais que plus d’importance.
Le rendement d’un portefeuille équilibré type d’un régime de retraite aurait dégagé un rendement de 3,0 % au troisième trimestre de 2020, alors que les marchés des actions montaient graduellement et les rendements obligataires demeuraient sensiblement les mêmes par rapport au trimestre précédent.
Tous les marchés des actions ont obtenu des rendements positifs au cours du trimestre. Les actions des marchés émergents ont mené le bal, gagnant 8,8 % en devises locales (7,6 % en $ CA), tandis que les investisseurs ont cherché des perspectives de croissance future. Les actions à faible capitalisation et les actions axées sur la croissance ont continué de surclasser leurs homologues à forte capitalisation axées sur la valeur; une tendance qui persiste depuis plusieurs trimestres. L’indice composé S&P/TSX a gagné 4,7 %; neuf des onze secteurs ont enregistré des rendements positifs, les produits industriels arrivant en tête.
Les actifs privés ont également été touchés par la pandémie. La transition rapide et majoritairement réussie vers les milieux de travail virtuels rendue nécessaire par la pandémie a amené de nombreuses organisations à repenser leurs besoins en espaces de bureaux, ce qui a nui à la valeur de certains placements en immobilier commercial. À l’opposé, l’accélération du commerce électronique a rehaussé la valeur des espaces d’entreposage.
Les rendements des obligations à long terme étaient près de zéro par rapport à leurs rendements supérieurs à 10 % au deuxième trimestre, pendant que les rendements obligataires demeuraient relativement inchangés. Les obligations universelles ont enregistré de modestes gains (0,4 %), tandis que les obligations à rendement réel ont généré des rendements sensiblement plus élevés (4,4 %).
« La remontée des actifs à risque s’est poursuivie durant toute la première moitié du troisième trimestre en raison des politiques monétaires de relance et des signes d’une reprise économique mondiale, a indiqué Jean-Pierre Talon, membre du partenariat de Mercer Canada. Cependant, le récent pic dans le nombre de cas de COVID-19 dans le monde et l’incertitude entourant les élections américaines prochaines a troublé les investisseurs, entraînant des pertes sur les marchés mondiaux des actions en septembre. Certaines préoccupations ont également refait surface quant à la possibilité d’une hausse de l’inflation à moyen et à long terme après des mesures de politiques monétaires et budgétaires sans précédent en réponse à la crise. »
La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont toutes deux maintenu leur taux d’intérêt cible à 0,25 % pendant tout le troisième trimestre, après une suite de réductions au premier trimestre.
L’indice Mercer de la santé financière des régimes de retraite indique le ratio actif-passif d’un régime de retraite modèle. Le ratio a été établi de façon arbitraire à 100 % au début de la période. Le nouvel indice tient compte du coût au titre des services courants et des paiements spéciaux de solvabilité, mais pas des améliorations ayant pu être apportées au régime. Il suppose également que les évaluations sont déposées chaque année civile et que le déficit révélé dans chaque évaluation est financé sur une base mensuelle au cours des cinq années subséquentes.
Actif : portefeuille indiciel. Répartition de l’actif jusqu’au 31 décembre 2016 : indice obligataire universel de rendement total FTSE TMX, 42,5 %; indice composé S&P/TSX, 25 %; indice S&P 500 (en $ CA), 15 %; indice MSCI EAEO (en $ CA), 15 %; indice des bons du Trésor à 91 jours FTSE TMX, 2,5 %. Répartition de l’actif à compter du 1er janvier 2017 : indice obligataire à long terme de rendement total FTSE TMX, 42,5 %; indice composé S&P/TSX, 15 %; indice MSCI Monde (en $ CA), 40 %; indice des bons du Trésor à 91 jours FTSE TMX, 2,5 %.
Passif : 50 % de participants actifs, 50 % de retraités. Pour les participants actifs, on suppose que le règlement s’effectue à 60 % sous forme d’un montant forfaitaire représentant la valeur actualisée de la rente selon les normes de l’Institut canadien des actuaires (ICA) sur la valeur actualisée d’une rente, sans tenir compte du délai d’un mois, et à 40 % par la souscription d’une rente. Pour les retraités, on suppose qu’il s’effectue par la souscription d’une rente. L’estimation du coût des rentes s’appuie sur le matériel d’orientation de l’ICA sur les blocs de contrats types de durée moyenne. Les résultats varient selon le régime de retraite.
Le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite des clients de Mercer est calculé en fonction de prévisions tirées des données de la base de données des clients de Mercer. Les données et la méthode d’établissement des prévisions ont été revues rétroactivement au 30 septembre 2019. L’effet approximatif des changements apportés aux données et à la méthode s’est traduit par une réduction d’environ 2 % du ratio de solvabilité médian.
À propos de Mercer
Mercer façonne un brillant avenir en transformant le monde du travail, en redéfinissant les perspectives de retraite et de placement et en optimisant la santé et le bien-être de tous. La Société compte plus de 25 000 employés répartis dans 44 pays et elle exerce ses activités dans plus de 130 pays. Mercer est une société de Marsh & McLennan Companies (symbole MMC à la Bourse de New York), chef de file mondial en services professionnels dans les domaines du risque, de la stratégie et du capital humain, qui compte 76 000 employés et dont le chiffre d’affaires annualisé s’élève à près de 17 milliards de dollars. Par l’entremise de ses sociétés-conseils de premier ordre, soit Marsh, Guy Carpenter et Oliver Wyman, Marsh & McLennan aide ses clients à naviguer dans un environnement de plus en plus dynamique et complexe. Pour obtenir de plus amples renseignements, consultez le site www.mercer.ca. Suivez Mercer sur Twitter @MercerCanada.