Malgré la volatilité accrue qui règne sur les marchés, volatilité qui est accentuée par l’attaque non provoquée sur l’Ukraine par le gouvernement russe, la situation financière de la plupart des régimes de retraite à prestations déterminées (PD) s’est améliorée au cours du premier trimestre de 2022. Dans la foulée, l’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite, qui mesure le degré de solvabilité médian des régimes de retraite PD figurant dans la base de données des régimes de retraite de Mercer, est passé de 103 % au 31 décembre 2021 à 108 % au 31 mars 2022.
Les rendements des placements de la plupart des régimes PD se sont avérés négatifs au T1 de 2022. Cependant, les rendements des obligations au cours du trimestre ont connu une hausse qui se situe entre 75 et 134 points de base pour différentes durées, ce qui a fait en sorte de réduire le passif des régimes. La diminution du passif des régimes attribuable aux rendements plus élevés des obligations compense plus qu’amplement la diminution de l’actif des régimes découlant des rendements négatifs, d’où l’amélioration de la situation financière de la plupart des régimes.
Parmi les régimes inclus dans la base de données des régimes de retraite de Mercer, à la fin du premier trimestre, 75 % d’entre eux affichaient un excédent selon l’approche de solvabilité, selon les estimations, par rapport à 61 % à la fin de 2021. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu un tel résultat. De plus, on estime que 15 % des régimes montrent un degré de solvabilité entre 90 % et 100 %, que 6 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité entre 80 % et 90 % et que 4 % des régimes obtiennent un degré de solvabilité inférieur à 80 %.
« L’année 2022 a bien mal commencé sur les marchés. Toutefois, malgré l’importante volatilité, la situation financière de la plupart des régimes PD s’est améliorée au cours du trimestre, » a indiqué F. Hubert Tremblay, conseiller principal du domaine Avoirs de Mercer. « Mais, avec la crise en Ukraine et l’incertitude quant à son dénouement, le monde, les marchés et les régimes de retraite PD sont entrés dans une nouvelle ère de volatilité accrue et d’incertitude. »
La décision du gouvernement russe d’envahir l’Ukraine, un pays souverain, et ce, unilatéralement et du jour au lendemain, a fait basculer le contexte géopolitique mondial. De plus, les répercussions (sur les plans économique et géopolitique) des sanctions sans précédent imposées à la Russie, les risques de faux pas et de mauvais calculs par l’une ou l’autre des parties en cause, les risques que la situation s’envenime et le risque que la crise en Ukraine prenne de plus grandes proportions ne feront qu’accroître l’incertitude et la volatilité sur les marchés au cours des mois (et peut-être même des années) à venir. Comment les marchés et les situations financières des régimes PD s’en sortiront-ils dans ce nouvel environnement? Seul le temps nous le dira, mais la volatilité sur les marchés et les risques de chocs extérieurs ont énormément augmenté.
De plus, les risques susmentionnés n’incluent pas les risques qui existaient déjà avant 2022. La pandémie de COVID-19, qui semble perdre de l’importance, ce qui permet la reprise de la plupart des économies, est toujours présente. L’inflation constitue également un autre risque important. De nombreuses économies enregistrent déjà des niveaux record d’inflation, laquelle est exacerbée par la crise en Ukraine. Les banques centrales ont commencé à resserrer leurs politiques monétaires et à accroître leurs taux directeurs. Mais ces mesures sont-elles trop peu nombreuses et arrivent-elles trop tard en vue de limiter l’inflation? Les banques centrales devront-elles accélérer leurs mesures de resserrement afin de contenir l’inflation? Et quelle sera la réaction de ceux qui prennent part aux marchés, soit les états, les entreprises et les ménages, face à des taux d’intérêt plus élevés et à des politiques monétaires plus strictes? Quelle sera leur capacité de remboursement de leurs créances et d’investissement dans leurs économies, leurs organisations et leurs ménages?
« Compte tenu des risques géopolitiques et économiques actuels, le besoin de se doter d’une bonne gouvernance et de bien gérer les risques n’a jamais été aussi criant, et ce, même si des pratiques et des structures à cet égard devraient idéalement être mises en place avant que le choc extérieur ne se fasse sentir, souligne M. Tremblay. Malgré tout, le temps est venu pour les promoteurs de régimes qui ne disposent pas de structures adéquates en matière de gouvernance et de gestion des risques de remédier à la situation, soit en mettant en place ces structures, soit en les améliorant. »
Un portefeuille équilibré type d’un régime de retraite aurait produit un rendement de -7,1 % au premier trimestre de 2022. Des ventes massives ont eu lieu sur les marchés boursiers mondiaux et le marché boursier américain a même flirté avec une correction en février, en raison du resserrement de la politique monétaire et de l’incertitude qui émanait de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La volatilité sur les marchés des actions prenait de l’ampleur alors que les investisseurs craignaient que la crise et les sanctions contre la Russie entraînent une réduction importante de l’offre mondiale d’énergie et des produits agricoles.
Les rendements de tous les marchés développés étrangers se situaient en territoire négatif en raison de la volatilité accrue qui émergeait des préoccupations sur le plan géopolitique, alors que le rendement du marché des États-Unis était légèrement supérieur à celui des autres marchés mondiaux. Le prix des produits a bondi, ce qui a provoqué une hausse importante du rendement du secteur de l’énergie, en raison des sanctions économiques et des conséquences de la crise sur les réserves mondiales de produits russes et ukrainiens. Le rendement des actions axées sur la valeur s’est avéré supérieur à celui des actions axées sur la croissance, alors que le rendement des actions ayant une longue durée implicite continue de pâtir. Pratiquement un mois après sa fermeture, la bourse russe a rouvert aux fins des échanges, malgré d’importantes limitations à l’égard des investisseurs étrangers. Le rendement des actions chinoises continue de baisser en raison du ralentissement de la croissance et des perturbations constantes liées à la pandémie.
Le Canada a tiré profit des entraves de plus en plus importantes de la chaîne d’approvisionnement sur les produits, étant donné que le pays est fortement axé sur l’énergie. Résultat : le rendement des actions canadiennes a été supérieur à celui d’autres marchés mondiaux. Le dollar canadien s’est apprécié par rapport à d’autres devises importantes au cours du trimestre, ce qui a entraîné des rendements modestes pour les investisseurs canadiens sur les marchés étrangers.
Le prix des obligations canadiennes a chuté au cours du trimestre, alors que les rendements à maturité des obligations universelles et à long terme ont connu une hausse importante, soit respectivement de 110 et de 85 points de base. Le rendement des obligations de sociétés a été supérieur à celui des obligations universelles au cours du trimestre.
La divergence des rendements sectoriels au sein de l’immobilier canadien s’est maintenue. La croissance du capital pour l’ensemble de l’indice jusqu’à ce jour est principalement attribuable aux secteurs des immeubles industriels et résidentiels à logements multiples. D’ailleurs, les volumes d’opérations dans ces secteurs continuent de dominer les marchés. Les gestionnaires de fonds qui affichent une surpondération des titres de ces secteurs ont obtenu un rendement nettement supérieur à celui de leurs concurrents.
« L’invasion de l’Ukraine par la Russie a généré de nouvelles incertitudes au sein des marchés mondiaux », a souligné Jean‑Pierre Talon, membre du partenariat de Mercer Canada. Au début de 2022, les craintes étaient axées sur la hausse de l’inflation et le resserrement plus intense des politiques monétaires, alors que les aspects géopolitiques et économiques liés à l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’ont pas seulement engendré une crise humanitaire, mais aussi la perturbation du commerce mondial qui a mené à une diminution de la consommation et des investissements. Dans cette conjoncture, nous pouvons nous attendre, à partir de maintenant, à une croissance économique mondiale faible, mais positive, ainsi qu’à l’atteinte, plus tard, d’un sommet en ce qui a trait à l’inflation et à des niveaux plus élevés. »
La Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont toutes deux relevé leur taux d’intérêt cible de 0,25 % en mars 2022. Ces deux institutions ont confirmé qu’elles continuent de faire du suivi et du contrôle de l’inflation une priorité.
L’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite suit le degré de solvabilité médian des régimes de retraite qui figurent dans la base de données des régimes de retraite de Mercer, soit une base de données qui comprend des renseignements financiers, démographiques et autres sur les régimes de retraite des clients de Mercer au Canada. La base de données contient des renseignements sur près de 500 régimes de retraite au Canada, dans tous les secteurs d’activité, notamment les secteurs public, privé et celui des organismes sans but lucratif. Les renseignements sur chaque régime de retraite figurant dans la base de données sont mis à jour chaque fois qu’une nouvelle évaluation actuarielle de la capitalisation est effectuée au titre du régime.
Des prévisions de la situation financière de chaque régime sont établies en fonction de sa plus récente date d’évaluation, ce qui reflète l’accumulation estimative des prestations par les participants actifs, les paiements estimatifs de prestations aux retraités et aux bénéficiaires, une provision pour intérêts, une estimation de l’incidence des changements de taux d’intérêt, des estimations des cotisations de l’employeur et de l’employé (le cas échéant) et des rendements prévus des placements en fonction de la composition des placements visée, en présumant que la composition cible pour chaque régime demeure la même au cours de la période de projection. Les rendements des placements utilisés dans les projections sont fondés sur les rendements indiciels des catégories d’actif spécifiées comme catégories d’actif cibles des régimes individuels (ou qui s’en rapprochent étroitement).
À propos de Mercer
Mercer croit que l’on peut travailler à façonner un brillant avenir en transformant le monde du travail, en redéfinissant les perspectives de retraite et de placement et en optimisant la santé et le mieux-être de tous. La Société compte environ 25 000 employés répartis dans 43 pays et elle exerce ses activités dans 130 pays. Mercer est une société de Marsh McLennan (symbole MMC à la Bourse de New York), chef de file mondial en services professionnels dans les domaines du risque, de la stratégie et du capital humain, qui compte 83 000 employés et dégage un chiffre d’affaires annualisé de plus de 20 milliards de dollars. Par l’entremise de ses sociétés-conseils de premier ordre, soit Marsh, Guy Carpenter et Oliver Wyman, Marsh McLennan aide ses clients à naviguer dans un environnement de plus en plus dynamique et complexe. Pour obtenir de plus amples renseignements, consultez le site www.mercer.ca. Suivez Mercer sur Twitter @MercerCanada.